Les rejets des stations d’épuration sont loin d’être de l’eau pure

Comment le parc marin a-t-il pu s’abaisser à délivrer un avis favorable au projet de rejet des eaux usées traitées de Saint-Dénec dans l’aber Ildut ( la zone la plus protégée de la côte ) ?

A-t-il oublié que sa raison d’être est de protéger l’écosystème ?

Suite à la publication de la lettre ouverte d’APPCL au président du PNMI, Maël de Calan nous a répondu.

Ce courrier ne nous apprend rien, ne nous rassure en rien et ne fournit aucune réponse à nos critiques sur la dérive de la gouvernance du parc marin, résumée par ces mots extraits de notre lettre ouverte :

Dans son courrier en réponse, le président du conseil de gestion du PNMI nous écrit :

Doit-on rappeler que les lampes UV sont en action depuis plus de deux ans, elles n’ont rien à voir avec le projet de rejet dans l’aber Ildut des eaux usées traitées.

D’autre part, qu’un rejet soit « aux normes règlementaires » ne signifie absolument pas qu’il soit non polluant !

C’est exactement ce qu’on entend lors de chaque instance de suivi de nos bassins versants bretons, « tout est réglementaire, tout est aux normes« , circulez, il n’y a rien à voir !

Et pourtant, la Bretagne souffre de pollutions graves qui entachent sa réputation, qui nuisent aux écosystèmes et à la santé de ses habitants (algues vertes, pollution des eaux de baignades, eau de consommation chargée en nitrates et pesticides etc.) .

Pour se rendre compte de l’incohérence de la préconisation de l’équipe technique du parc et de la portée de la décision de son conseil de gestion, nous avons réuni ci-dessous quelques extraits d’articles démontrant que les rejets de STEP sont loin d’être de l’eau pure !

  • Article de CEBEDEAU : entreprise spécialisée dans la qualité de l’eau

« Les microplastiques (MP) sont des particules de plastique dont la taille est comprise entre 0,1 µm et 5 mm qui résultent de la dégradation de produits en plastique plus volumineux ou conçus expressément à l’échelle microscopique. Ils se retrouvent dans les océans, les eaux souterraines et les eaux de surface et peuvent être ingérés par certains animaux aquatiques et s’accumuler dans la chaîne trophique. Par conséquent, ils représentent un enjeu majeur pour la santé humaine et pour l’environnement.

Une étude publiée en 2018 au Royaume-Uni a montré que la quantité de MP présente dans les eaux réceptrices était plus importante en aval de chacune des six stations d’épuration (STEP) étudiées et confirme ainsi que les effluents d’eaux usées – même traitées – sont une source de MP dans le milieu aquatique.  »

Les stations d’épuration : une surprenante source de pollution par les microplastiques

« Une attention particulière a récemment été accordée aux microplastiques présents dans les environnements d’eau douce et marins ainsi qu’à la menace qu’ils posent pour les écosystèmes et la santé des personnes.

Généralement, on pense que la source des microplastiques est bien connue : la plupart des articles en plastique ne sont ni recyclés ni incinérés lorsqu’ils sont jetés. Les déchets plastiques finissent donc dans les décharges ou dans nos rivières et nos océans où ils se décomposent progressivement en morceaux puis en particules de plus en plus petits. Les microplastiques sont définis comme des morceaux de plastique de 5 mm de diamètre ou moins.

Cependant, une nouvelle étude conclut que les effluents des eaux usées traitées sont également des sources clés de microplastiques, ce qui implique que les usines de traitement des eaux usées n’ont pas la capacité de les filtrer»

L’élimination des micropolluants – résidus de médicament, pesticides – est incomplète lors du traitement des eaux usées en station d’épuration. Une étude nationale évalue le problème

« […] l’eau propre – c’est son nom générique – qui en sort et qui se dilue dans les rivières est pourtant réputée sans danger majeur.

La réalité est un peu plus complexe. L’assainissement retient les solides, s’attaque aux graisses, aux huiles et prévient la prolifération bactérienne dans les rejets. Mais nombre de micropolluants se glissent entre les mailles du filet. Il s’agit de composés qui peuvent avoir un effet toxique à très faible dose sur les organismes vivants. Parmi les micropolluants organiques, on distingue les hormones de synthèse, les résidus médicamenteux, les cosmétiques, les détergents, les solvants, les plastifiants… »

« « La panoplie des contaminants est infinie. On n’est pas en capacité d’analyser l’impact de chaque substance sur les milieux aquatiques et sur la santé humaine », résume Dominique Patureau, directrice de recherche au Laboratoire de biotechnologies de l’environnement (LBE) »

« Le calcul des quantités de micropolluants n’est qu’une première approche du phénomène. Les chercheurs ont ensuite tenté d’en mesurer les conséquences. Ce qui n’a rien d’évident. « Certaines substances peuvent avoir un impact important sur la vie aquatique à faible concentration. Pour d’autres, c’est l’inverse », signale Quentin Aemig, qui a participé à l’étude alors qu’il travaillait à l’Inrae. »

Les pesticides contaminent les huîtres sur plusieurs générations et ça n’est pas sans conséquence

« Parmi les espèces touchées par ces pollutions, on retrouve également les mollusques, et en particulier les populations d’huîtres creuses (Crassostrea gigas), qui constituent l’une des principales ressources aquacoles dans le monde. Et cela alors que les bassins de production d’huîtres sont particulièrement concernés par la pollution chimique du fait de leur proximité avec les bassins versants. » 

« l’exposition aux pesticides affecte la reproduction des huîtres et certains des effets délétères sont retardés chez les générations suivantes. »

«les stades de vie embryonnaires et précoces constituent des périodes critiques pour le vivant, au cours desquelles ils sont plus vulnérables aux facteurs environnementaux. »

« Les zones conchylicoles, on l’a vu, sont particulièrement exposées à la pollution. De plus, l’huître, repartie sur une large aire géographique, est aussi un organisme filtreur et sessile (qui vit fixée à un substrat et subit donc les aléas environnementaux). »

« Néanmoins, des effets retardés notables ont ensuite été mesurés tout au long du cycle de vie des huîtres creuses suivies. Les performances de nage, mesurées six jours après la fin de l’exposition, étaient diminuées chez les larves ayant été exposées par rapport aux individus témoins (vitesse et mobilité réduites). »

Que nous apprennent ces articles  ?

Les microplastiques (MP) sont des particules plastiques de moins de 5 mm, présentes dans les eaux usées, souvent issues de la dégradation de plastiques ou de produits comme les cosmétiques. Les stations d’épuration ne parviennent pas à les filtrer efficacement, contribuant à leur dispersion dans l’environnement aquatique, avec des impacts potentiellement graves sur la faune et la santé humaine.

Les micropolluants tels que les pesticides et les résidus médicamenteux échappent aussi au traitement, affectant les écosystèmes, notamment les huîtres, qui subissent des effets à long terme .

Qu’en penser pour l’aber Ildut ?

L’aber Ildut est une zone conchylicole. Certes, il n’existe pas d’entreprises de production de coquillages de consommation humaine dans l’aber mais le centre de recherche appliquée Breizhmer, ce centre de Porscave est  le plus avancé d’Europe sur la sélection et la résistance de l’huître plate. (https://www.breizhmer.bzh/porscave/)

Il abrite entre autres les bassins contenant des naissains d’huîtres creuses destinés à la réintroduction de cette espèce en Bretagne.

Il s’agit d’un lieu stratégique au sein duquel sont menés plusieurs projets scientifiques d’ampleur financés par l’Union Européenne et la France.

rejeter à 700 m en amont les eaux usées traitées de la STEP de Saint Dénec relève de l’inconscience.

Les articles de presse démontrent d’une part que les rejets de STEP sont loin d’être de l’eau pure puisqu’ils contiennent des microplastiques, des résidus médicamenteux, des hormones, des résidus de pesticides… et d’autre part que les huîtres sont des organismes filtreurs très impactés par les polluants chimiques présents dans l’eau.

Ces polluants ont des répercutions non seulement sur les embryons d’huîtres mais aussi sur les générations suivantes, celles qui seront réintroduites dans le milieu.

Quant aux répercutions sur l’écosystème très fragile et multi protégé de l’aber Ildut, apparemment ni la CCPI, ni le PNMI n’en a rien à faire.

L’APPCL organise une réunion publique le 4 janvier prochain à 10 H à Lanildut, nous pourrons évoquer ce thème et bien d’autres…