mis à jour le 19/02/2022 Par Claudine et Christine
Et d’abord qu’est-ce qu’une dune ?
Définition du dictionnaire le Robert:
Dune n.f Butte, colline de sable fin formée par le vent (bord des mers, déserts).
Sur ces collines de sable viennent se fixer des espèces végétales qui supportent des conditions assez rudes, pauvreté du sol, évaporation, vent, érosion, salinité de l’air, ce qui rend le milieu fragile .
À Porspoder, la dune s’étend entre la presqu’île du Vivier et celle de Saint Laurent, en arrière des plages du Vivier et des Colons. Une autre partie de dune se trouve également en arrière de la plage du bourg dite aussi des bateaux.
Cet espace naturel remarquable a été utilisé au cours du temps par les populations de la côte, pour y faire paître les bêtes ou pour y sécher et brûler le goémon. En sont témoins les fours à goémon qui y subsistent.
Dans les années 70 du XXème siècle, le tourisme s’est développé, sous la forme du camping-caravaning à Porspoder. L’espace dunaire, libre de construction , à proximité de la plage, avec vue sur mer, a fait la joie de nombreuses familles avec enfants. Petit à petit, la pression s’est accentuée sur ce milieu fragile et des aménagements ont été effectués : route vers la presqu’île Saint Laurent, chemins empierrés, points d’eau et toilettes, électrification de certaines zones.
C’est alors que des amoureux des lieux ont trouvé qu’il fallait » rendre la dune à la dune » et ont fondé l’APDP, Association Pour la Défense des Dunes de Porspoder.
L’ A. P. D. P.
Fondation le 3 octobre 1983 .
Président Pierre Lozivit
« Il est fondé entre les adhérents aux présents statuts une association ayant pour titre « Association Pour la Protection des Dunes de Porspoder ». Son but est la protection des dunes de Porspoder dans le cadre du décret n°79.716 du 25 août 1979 , relatif à la protection et à l’aménagement du littoral, sans qu’aucune délimitation n’y soit faite ni qu’aucune construction de quelque nature que ce soit n’y soit édifiée à l’avenir ».
Après 26 ans de luttes, en 2010, le déplacement du camping vers l’arrière-pays est acté par la municipalité.
Une fois » la dune rendue à la dune «, l’association a continué à agir, en organisant des actions de découverte du milieu, en mettant en place ou en participant à des arrachages de plantes invasives, en particulier la ravenelle, en accueillant des stagiaires étudiants en gestion des espaces naturels.
À la suite du décès du président Michel Bougeard, l’association a été dissoute, personne n’ayant souhaité prendre sa suite. Lors de la dissolution, il a été voté que les fonds de l’APDP seraient remis à l’APPCL, association amie, au domaine d’action plus étendu. Les adhérents de l’APDP ont été invités en même temps à rejoindre l’APPCL.
Le site de l’APDP est toujours consultable en ligne. Il comprend de nombreux documents et photos .
LES DUNES
Comment se forme et s’entretient le système dunaire.
Le sable que l’on retrouve sur nos plages provient de dunes qui se sont formées lorsque le niveau de la mer était plus bas qu’aujourd’hui . Le rivage était alors très éloigné de la ligne de côte actuelle (il y a 20.000 ans on pouvait aller à pied en Grande-Bretagne).
Le vent venant du large transporte au fond des baies des nuages de sable qui s’accumulent en dunes .
Idéalement, la plage nourrit la dune et la dune nourrit la plage selon les époques de l’année, les marées et les vents.
L’érosion se produit en hiver, pendant les épisodes de tempête, lorsque la houle attaque la dune et emporte le sable. Celui -ci revient quand la météo est plus clémente. En hiver, la plage elle-même dégraisse, et alors apparaît, par exemple plage du vivier , de la tourbe qui est le témoin du niveau plus bas de la mer autrefois. Certains touristes pensent qu’il s’agit de restes de marée noire.
La dune embryonnaire
Sur la partie de plage qui n’est immergée que lors des grandes marées, se développent des végétaux annuels adaptés à la forte salinité et nourris par la laisse de mer (goémon, débris de coquillages déposés par la mer quand elle se retire).
Il est fréquent que des vacanciers considèrent ces plantes comme des mauvaises herbes et les arrachent pour mieux profiter du sable.
sont quelques-unes des plantes que l’on retrouve sur le haut de plage.
La dune blanche
La dune blanche localise une dune en tas dont la formation est herbacée.
A Porspoder, on peut en voir deux à la plage des Colons et à la plage du Rochard.
Plus précisément, il s’agit de la dune à Amophila arenaria, ou oyat, dont les racines profondes retiennent et fixent le sable amené par le vent. La dune blanche du Rochard, elle, s’est reconstituée après avoir été bulldozérée dans les années 70. Le sable s’est peu à peu accumulé, une partie venant probablement de la plage du Vivier. Cette petite dune en reconstruction montre une belle végétation de chiendent des sables et de chardons bleus en été.
Quelques plantes de la dune blanche
La dune fixée ou dune grise
Elle se situe plus en arrière de la plage.
La végétation y est plus dense, constituée de plantes annuelles à floraison précoce, par exemple l’orchis pyramidal.
On y trouve également des graminées, des mousses et des lichens, des chardons.
Le sol pauvre en nutriment est un mélange de sable et de terre, plus gris, exposé au vent et à la chaleur en été.
Quelques plantes de la dune grise
Les animaux qui vivent sur la dune
Les alouettes qui nichent sur la dune sont une espèce en danger très exposée à l’activité humaine. Leur nombre est en diminution de 1 à 2% par an en France . Leurs nids étant au sol, les petits ont des conditions de survie difficiles. Ce serait une perte pour la biodiversité et pour le plaisir des promeneurs de ne plus pouvoir admirer leur vol, ni écouter leur chant.
La vingtaine d’espèces de passereaux qui vit, se nourrit et niche sur la dune, dans les ronciers ou dans la coupe de la micro-falaise est plus difficile à repérer. Il s’agit notamment du traquet motteux , du traquet pâtre, du pipit farlouse, du pipit maritime… ), tout un petit monde fragile qui mérite protection .
Les hirondelles de rivage
Les lapins sont en pleine reconquête de l’espace dunaire à Porspoder et font le régal des promeneurs. Mal vus par certains parce qu’ils creusent des trous, ils sont pourtant fort utiles car ils entretiennent la pelouse de la dune grise. Cette prolifération compense leur diminution dans les campagnes qui perdent leurs talus.
Du bon usage des dunes
La Communauté de Communes du Pays d’Iroise (CCPI) gère les espaces naturels depuis Saint Pabu jusqu’à Plougonvelin. Pour cela, il y a une équipe de 5 professionnels qui s’y emploient.
Ils posent des ganivelles pour retenir le sable et protéger la dune blanche en empêchant le piétinement. Ils mettent en place des monofils pour garantir la sécurité des promeneurs et empêcher l’érosion des bordures de la dune. Ils tondent la dune en respectant la période de nidification des alouettes . Nous souhaitons que leur travail soit respecté.
Nous sommes de plus en plus nombreux à arpenter la dune qui est trop piétinée, s’abime et s’érode. Nous devons tous adapter nos comportements et changer nos habitudes :
– Lire les panneaux mis en place par la CCPI et respecter les consignes même si cela dérange un peu notre idée de la liberté.
Respecter le Code du promeneur et du riverain :
- Rester sur les sentiers déjà tracés
- Ne pas cueillir les fleurs
- Ne pas déposer de déchets de jardin au prétexte de consolider la dune pour ne pas y importer des espèces qui n’ont rien à y faire
- Tenir son chien en laisse pour la tranquillité des animaux (oiseaux, lapins et autres…) et des autres promeneurs .
Remarques importantes :
- Sur la plage aussi, les oiseaux ont besoin de se reposer : un chien qui court partout et aboie les force à s’envoler, les empêche de récupérer et de se nourrir convenablement. Un oiseau qui s’envole est un oiseau qui perd de l’énergie pour son long trajet à venir.
Photo Sébastien MAUVIEUX ( Bretagne vivante)
- Ramasser les déjections de son chien est nécessaire car elles enrichissent le sol et perturbent l’équilibre du milieu en le rendant trop riche pour les plantes de la dune).
Quels souhaits formuler pour l’avenir ?
Pour le tombolo de la presqu’île Saint-Laurent
On pourrait réduire l’emprise du petit parking qui se trouve sur le tombolo (1) de la presqu’île Saint Laurent au niveau de la plage des Dames : cela leur redonnerait un aspect plus naturel et diminuerait la pollution générée par les véhicules à moteur. Utiliser le parking de la place des FFL, diminuerait l’impact des voitures dans ce paysage naturel.
(1) Cordon dunaire qui relie une île à la terre
Pour la plage du Vivier
Il serait aussi judicieux que les enrochements de la plage du Vivier, qui ne sont d’aucune utilité pour empêcher le recul de la dune, soient enlevés. Ces enrochements créent un effet de ressac qui contribue à renforcer l’érosion.
Pour le bien du plus grand nombre
Veiller à l’application de la loi littoral pour contrer les ambitions éventuelles de promoteurs…
Pour aller plus loin…
LES GOÉMONIERS
Pierre Arzel – Éditions Le Chasse Marée
GUIDE DE LA FLORE DES DUNES LITTORALES
Office National des forêts ( ONF) – Éditions Sud Ouest
SITE DE LA COMMUNAUTÉ DE COMMUNES DU PAYS D’IROISE ( CCPI)
