8 mai 2020 – Changement de discours à venir sur les eaux de baignade?

En pays d’Iroise, depuis trop longtemps, le discours officiel concernant les pollutions des eaux de baignade est stéréotypé et exclut catégoriquement toute cause agricole.

A en croire les autorités compétentes (Maires, Communautés de communes…), seuls les assainissements individuels non conformes seraient à incriminer dans cette pollution chronique qui porte un coup de canif non négligeable à l’attractivité touristique du nord Finistère.

Mais au fait, c’est quoi la pollution des eaux de baignade ?

L’ARS, l’Agence Régionale de Santé, est tenue de réaliser une surveillance des eaux de baignade.

C’est une directive européenne qui l’impose.  (2006/7/CE)

Le protocole de surveillance est très stricte et devrait être respecté à la lettre.

Pour les associations environnementales locales, ce n’est assurément pas le cas.

Même en usant de stratagèmes plus que douteux pour enjoliver l’état des plages finistériennes, certaines d’entre elles demeurent classées « insuffisantes ».

Deux bactéries fécales très communes sont recherchées dans les échantillons d’eau qui sont  prélevés régulièrement sur les plages en période estivale. (et rien d’autre)

Ces deux bactéries sont des indicateurs de la pollution fécale.

Une analyse d’eau contenant trop d’E.coli et trop d’Entérocoques, révèle une pollution fécale du site de baignade.

Il y a, de facto, une forte probabilité pour que d’autres miasmes plus pathogènes évoluent avec elles dans l’eau souillée. (virus divers, bactéries multirésistantes, etc.) (voir articles précédents)

En cette période de pandémie au Covid-19, imaginons qu’une pollution fécale soit révélée sur une plage.

Le discours habituel, montrant du doigt les fuites de fosses septiques devient tout de suite anxiogène.

D’autant que ce discours s’accompagne bien souvent du couplet sur les résidences secondaires habitées par des personnes venant d’ailleurs… de zone rouge si ça se trouve !

Non, notre volonté n’est pas de créer la psychose. En fait, bien que réelle, cette pollution liée aux assainissements individuels non conformes est probablement mineure et pourrait rapidement être résolue avec un petit peu de bonne volonté politique…

C’est en fait le bouc émissaire parfait.

Quand vous regardez de ce côté là, vous ne voyez pas les centaines de milliers de tonnes d’effluents d’élevages déversés sur les bassins versants des plages…

Une seule porcherie industrielle du secteur déclare produire plus de 22 000 tonnes de lisier par an !

(60 tonnes par jour )

Bien qu’en grande partie traités, ces déchets de l’agriculture industrielle sont déposés sur des champs nus, bien souvent sur les bassins versants des ruisseaux qui arrosent les plages.

Nos calculs, basés sur les seuls épandages de lisiers bruts (non traités) montrent que cette seule ferme usine émet dans l’environnement l’équivalent en E.Coli qu’une ville de plus de 29 000 personnes dont les habitants iraient se soulager dans les champs !

Il faut savoir que le secteur du Pays d’Iroise ne compte pas qu’une seule structure industrielle, ce sont plusieurs grosses structures qui se livrent une course effrénée à l’acquisition de terres d’épandage.

En effet, pour grandir toujours plus,  elles doivent justifier de surfaces supplémentaires…

Cela rappelle l’affaire de la station de traitement de Saint Dénec. (voir article précédent )

La communauté de commune avoue avoir été incapable de trouver des terres pour épandre l’« eau » pourtant traitée issue de la station de traitement collectif (Porspoder / Landunvez / Brélès, Lanildut)

Pourtant, quand on prend de la hauteur, c’est tout un secteur dédié à l’exploitation agricole qui se dévoile.

Les terres d’épandage sont clairement visibles le long du tracé rouge.

Qu’à cela ne tienne, les dirigeants de la CCPI ont préféré investir plus de 2 millions d’€ publics pour imaginer une canalisation de 4 km en direction du bourg de Lanildut.

Super idée ! Dites donc, les baigneurs de la plage du Crapaud vont apprécier…

Ces rejets venant de la station de traitement ne seraient-ils pas potentiellement chargés en virus?

Nul doute que cette forte incertitude va inquiéter tôt ou tard la population locale et les touristes de passage.

Mais comme les cochons ont apparemment plus de poids aux yeux de ceux qui décident que la santé des habitants de Lanildut, la décision a été prise de finir au plus vite le chantier de Saint Dénec ( les travaux ont repris avant même la fin du confinement !)

Ne serait-il pas temps de remettre l’église au milieu du village, de modifier le discours officiel redondant sur les eaux de baignade et de stopper ce chantier de canalisation ubuesque ?

Deux références sur le sujet Covid-19 et eaux de baignade: (cliquer sur les liens)

  • Article de France 3. Les scientifiques ne savent encore que peu de chose…  « Il y a très peu, voire aucun travail publié sur la persistance de ce virus dans l’eau de mer… »
  • Le HCSP (Haut conseil de la Santé Publique) recommande la plus grande vigilance concernant les eaux de baignade sujettes aux pollutions fécales.  »  Il recommande de porter une attention particulière, pendant la phase de déconfinement, en augmentant la fréquence de surveillance de la qualité des eaux de baignade en matière de contamination fécale avec, si nécessaire, des mesures de fermeture anticipées pour les sites connus pour leur dégradation lors d’épisodes pluvieux. Il déconseille les baignades sur des sites ne faisant pas l’objet d’un contrôle sanitaire réglementaire.  »  Tient donc… APPCL aurait donc eu une bonne idée en demandant et en obtenant le contrôle sanitaire des plages de Lanildut !