29 mai 2020 – Circulez, il n’y a rien à voir !

Le Télégramme, alerté par les associations, publie ce-jour un article concernant le déplacement de la canalisation contestée de Saint-Dénec :

Faute de pouvoir échanger avec la CCPI (qui représente les citoyens du pays, ce qu’elle semble oublier), plusieurs associations, dont AEPI, lui ont envoyé une lettre ouverte à propos du projet de détournement des eaux usées de ST Dénec en général, et des travaux constatés au lendemain du confinement en particulier.  (lien vers la lettre ouverte).

Nous attendons toujours la réponse à cette lettre, que le Télégramme semble avoir déjà reçu puisqu’il la cite dans l’article paru le 29 mai 2020… mais les extraits cités méritent déjà quelques commentaires.

On peut noter qu’une fois de plus, la plus grande part de l’article et le dernier mot sont donnés par la presse à la communication de la CCPI.

Dommage, car nos commentaires auraient pu éclairer ses lecteurs, peut-être plus curieux que les journalistes et sans doute (un peu grâce à nos publications) mieux informés.

D’abord, il aurait été intéressant de rappeler que l’arrêté préfectoral cité est attaqué au tribunal administratif, notamment parce qu’il méconnaît la nécessité au regard de la législation environnementale, et pour des travaux de cette envergure, de réaliser une véritable étude d’impact, ce qui n’a pas été le cas.

Ensuite, on peut rappeler que cet arrêté se réfère à une étude très contestable du cabinet DCI Environnement, qui contient néanmoins un tracé pour la conduite qui évite soigneusement les zones humides.

Si c’est bien ce tracé qui a motivé l’acceptation du dossier par l’Etat de travaux sans étude d’impact, on se demande bien comment il a pu accepter une modification aussi substantielle sans que cette étude ait été réalisée.

Sauf à supposer que l’Etat n’est pas très à l’aise avec la situation actuelle (la station de St Dénec opère depuis des années dans un vide juridique inquiétant…).

Le Télégramme aurait aussi pu se donner la peine de vérifier les affirmations de la CCPI, selon lesquelles « le tracé n’emprunte aucune zone humide » ; en fait d’emprunt, c’est une véritable OPA, comme le montre la simple superposition du tracé réel avec la carte des zones humides contenue dans le PLU de Porspoder. Il doit bien y avoir pourtant au sein de la CCPI des techniciens qui ont quelques notions des règles d’urbanisme… L’huissier qui a constaté le tracé effectif avait des bottes, lui, et il a pu constater par lui-même que ces « zones humides » n’étaient pas de pures inventions administratives.

Extrait du PLU graphique de Porspoder sur lequel APPCL a superposé le tracé étudié (rouge) et celui constaté (noir)

Carte utilisée dans le dossier DCI qui présente un tracé évitant soigneusement toutes les zones humides du secteur. APPCL a superposé le tracé bleu qui est celui constaté au lendemain du confinement

Par la magie de la communication, ce projet devient même finalement un projet écologique, puisqu’il corrigerait des erreurs anciennes : « chutes d’eau dues à des busages anciens » : de véritables niagaras donc, qu’on a tout de même du mal à trouver en se promenant dans notre verte campagne… Et c’est même la police de l’eau qui aurait suggéré à la CCPI de faire en sorte que ces travaux soient encore meilleurs pour l’environnement !

La célèbre « chute d’eau de Porspoder », bientôt dans tous les guides touristiques !

Un véritable rêve, donc, à se demander pourquoi on s’obstine à vouloir créer des associations pour défendre l’environnement en Iroise, qui n’a pas de meilleurs défenseurs que la CCPI et l’Etat…

La CCPI oublie aussi en passant de préciser comment les économies faites sur ce tracé raccourci seront utilisées.

Bon d’accord, les travaux ont sans doute dépassé les stricts besoins du busage, en créant des ponts et de véritables sentiers d’exploitation de 5 m de large par endroits sur les terrains privés traversés…

Mais nous serions intéressés (et peut-être aussi le Télégramme et les contribuables abonnés de la CCPI?) de savoir où vont aller les dizaines ou les centaines de milliers d’euros ainsi économisés ?

Trêve de plaisanterie.

Nous ne reviendrons pas une fois de plus sur la stupidité de ce projet démesuré, qui vise d’abord à permettre la poursuite de l’urbanisation de nos communes, sans toutefois compromettre la volonté expansionniste des fermes usines locales… 

Tout ceci ne fait que renforcer la volonté des associations de poursuivre l’action au contentieux, et pourquoi pas au pénal si nécessaire : derrière tout cela, il y a des responsables, qui ont sciemment signé des arrêtés illégaux et réalisé des travaux non autorisés.

A suivre, donc !