14 septembre 2020 – Rejet dans l’Ildut, prime aux modèles rétrogrades ?

APPCL se démène tous azimuts pour, d’une part dénoncer l’aberration écologique et sanitaire du chantier de rejet des eaux usées traitées dans l’aber, au cœur de Lanildut, et d’autre part pour proposer des solutions alternatives.

Parmi ces solutions, la plus séduisante est la réutilisation des eaux usées traitées (appelée Réut dans le langage administratif).

Certains élus colportent ou relaient des informations qui sont fausses !!!

Non, il n’est pas du tout interdit d’épandre les eaux usées traitées. C’est même l’inverse.

Ce discours est soit dicté l’ignorance et des idées reçues d’un autre âge, soit un gros mensonge destiné à écarter la solution évidente qui transformerait une aberration écologique en modèle vertueux.

Qu’est-ce que la Réut ?

Il s’agit de la Réutilisation des Eaux Usées Traitées.

Dans un contexte de réchauffement climatique et de raréfaction de la ressource en eau, rejeter ces quantités énormes d’eau en mer s’apparente de plus en plus à une pratique rétrograde en contradiction avec la préservation de l’environnement.

Si ces eaux sont suffisamment traitées, elles peuvent encore servir et permettre d’éviter de puiser dans les nappes phréatiques qui, dans notre secteur du bas Léon, sont bien loin d’être des réservoirs illimités.

(Par exemple, à Porspoder et Landunvez, 80 % de l’eau de consommation est importée depuis Brest.)

Il convient donc d’alimenter la réflexion et de fournir des références, des exemples que notre communauté de communes pourrait suivre… afin de devenir, rêvons un peu, un modèle à suivre.

On peut trouver dans la littérature nombre de dossiers sur la Réut:

dossier Cerema  (cliquer pour en savoir plus sur la REUT)

« De nombreuses pratiques permettent ou visent à valoriser tout ou partie de l’eau usée après que celle-ci a fait l’objet d’un traitement dans une station de traitement des eaux usées (STEU). »

« L’économie et le partage des ressources constituent une priorité de la politique de l’eau amplifiée dans un contexte de changement climatique. Les espaces urbains offrent un potentiel d’économies et un gisement d’eau en alternative à la ressource en eau. Pour impulser des changements de pratiques, les collectivités ont un rôle-clé à jouer. »

dossier educagri, La Reut  (cliquer pour découvrir ce dossier à l’attention des intercommunalités)

«7 raisons de se lancer dans un projet de RÉUT :

Préserver la ressource en eau

Palier un manque d’eau pouvant être accentué par les changements climatiques en cours

Créer, développer ou maintenir une activité économique

Protéger un milieu sensible en améliorant la qualité d’un rejet d’eau traitée ou en le supprimant …

 »

Avis de l’ANSES

https://www.anses.fr/fr/system/files/EAUX2009sa0329Ra.pdf

La législation française permet donc la réutilisation des eaux usées traitées, mieux, elle la préconise!

Quant à l’Europe, comme souvent, elle est en pointe. Les textes sont clairs, réutiliser les eaux usées traitées est une bonne idée voire la solution d’avenir qu’il conviendrait de généraliser au plus vite.

Texte européen :

texte européen de 2020

« Article 1

2. Le présent règlement vise à garantir que l’eau de récupération est sûre pour l’irrigation agricole, permettant ainsi d’assurer un niveau élevé de protection de l’environnement et de la santé humaine et animale, à promouvoir l’économie circulaire, à soutenir l’adaptation au changement climatique et à contribuer aux objectifs de la directive 2000/60/CE en réagissant de façon coordonnée dans l’ensemble de l’Union aux problèmes de rareté de l’eau et à la pression qui en résulte sur les ressources en eau, et ainsi contribuer également au bon fonctionnement du marché intérieur. » 

La CCPI a décidé, depuis le début de cette histoire rocambolesque, que la solution serait le rejet dans l’Ildut. (d’abord à pont Reun… puis à Saint Gildas en plein bourg)

Les pseudo-études techniques de rigueur ont été soigneusement construites dans le but de promouvoir cet objectif… Des bureaux d’étude peu scrupuleux ont bien joué leurs rôles…

On est à la limite du grotesque.

Comment la communauté de commune a-t-elle pu engager plusieurs millions d’euros d’argent public en se basant sur des documents aussi faibles voire mensongers.

Il y aurait urgence absolue de sauver la plage de Melon des bactéries.

Cette plage est pourtant bien loin de faire partie des plus polluées du secteur. Les bactéries proviendraient nécessairement de la zone d’aspersion de la station de traitement de Saint Dénec qui, certes, se situe trop près du cours d’eau de Melon.

La parcelle d’aspersion de Saint Dénec et le ruisseau de Melon ( document APPCL)

Pourtant, aucune étude sérieuse ne prouve que la plage est réellement impactée par les eaux de Saint Dénec.

Le bureau d’étude DCI environnement indique, dans le profil de baignade de la plage de Melon, que la réalisation de la canalisation devrait résoudre tous les maux de la plage.

Or, la batterie d’analyses fournie ne permet en rien d’être aussi affirmatif. Elle montre surtout que le ruisseau est pollué par les bactéries fécales en amont de la parcelle d’aspersion des eaux usées traitées.

Mais admettons, les eaux de baignade de Melon reçoivent des bactéries provenant des eaux usées traitées aspergées sur la parcelle de Saint Dénec.

Ces bactéries ont donc survécu à l’aspersion puis au long voyage de 1,2km à travers la magnifique zone humide du ruisseau de Melon avant d’atteindre la plage.

La solution géniale de la CCPI consiste donc à supprimer les zones tampon (aspersion et zone humide) et à détourner les eaux via 4km de canalisations en direction de Lanildut où elles seront rejetées, brutes, en pleine zone Natura 2000. Un espace protégé en prise directe sur le parc marin d’Iroise. A proximité immédiate de la plage du Crapaud !

Photo de la plage du Crapaud le 18 juillet 2020 (18h)

Cela rappelle la fausse pub des nuls… où Dominique Farrugia avait un truc pour que ses WC sentent toujours la violette …

Lanildut est en fait le lieu idéal pour balancer ces eaux si encombrantes.

  • La commune compte moins de 1000 habitants. Pour être représentés au bureau de la communauté de commune, ses élus doivent montrer profil bas et avaler toutes les couleuvres s’ils veulent goûter au gâteau communautaire.
  • Les élus en question ont omis depuis des années de déclarer les plages de la commune à l’ARS pour que la qualité des eaux de baignade soient surveillées. Pas de contrôles bactériens à Lanildut… une aubaine si on désire rejeter des eaux usées traitées !
  • L’anse Saint Gildas est en plein bourg… Pas grave ! Les habitants on s’en fiche, ce qui compte, c’est que cette anse se trouve en zone portuaire. Et quelle aubaine, une nouvelle fois, le parc marin d’Iroise fait l’impasse sur toutes les zones portuaires de son territoire.

Le parc marin d’Iroise et la zone portuaire de Lanildut (géoportail)

Nous affirmons qu’il est encore temps de faire machine arrière.

Le rejet à Lanildut est une très mauvaise idée et tout le monde le sait.

Le message doit circuler, c’est important, la Réut (réutilisation des eaux usées traitées) est permise, c’est même la solution d’avenir préconisée par l’union européenne et le gouvernement français.

Le pays d’Iroise ne doit pas demeurer le petit village qui résiste encore et toujours aux avancées écologiques.

Le film « la parcelle 54 » que nous avons réalisé montre à l’évidence que les terres existent, il ne manque plus que la volonté.