Agro-alimentaire 1, démocratie 0

Appelé hier 3 mai 2022.à donner un avis lors de la consultation sur le projet de régularisation de l’extension de l’élevage industriel AVEL VOR à Landunvez, le conseil municipal de Porspoder a voté en majorité pour ce projet

Ce vote pose vraiment beaucoup de questions.

Au plan de la démocratie, d’abord. Le conseil municipal, qui n’a pas manqué de se rendre à l’invitation de M. Bizien (l’éleveur) pour visiter cette exploitation « modèle », n’a en revanche pas daigné se manifester à l’invitation des associations qui, faute d’action des communes, avaient organisé, le premier avril dernier, une réunion publique pour décoder ce dossier (près de 1000 pages de redondances et de mensonges ! ) et montrer les impacts réels de ce projet et plus généralement de l’élevage intensif sur le territoire.

Landunvez - Gaec Avel Vor. Visite du sous-préfet - Le Télégramme
Philippe Bizien faisant la visite guidée habituelle réservée aux élus et personnalités… Ici, le sous-Préfet ! Lien vers l’article du Télégramme où l’on lit tout de même: « Philippe Bizien, à la tête de cette exploitation porcine a accueilli le sous-préfet. Présent également, Gilles Mounier, au titre de la coopérative Aveltis.« … Et oui, le maire de Saint Renan était l’employé de M Bizien (lui-même président d’Aveltis: coopérative porcine)

A Porspoder, apparemment, ce n’est pas le lisier qui sent mauvais, ce sont les associations de protection de l’environnement….

Il ne s’est apparemment pas non plus intéressé aux avis formulés lors de l’enquête publique, où les citoyens de Porspoder ont très majoritairement donné un avis défavorable à ce projet (la très grande majorité des avis favorables venant du secteur de l’élevage, hors de la CCPI), ni aux épais dossiers déposés par des associations qui regroupent pourtant plusieurs dizaines de citoyens de Porspoder.

Les conseillers municipaux y auraient pourtant découvert comment ce projet et ses semblables polluent l’eau, l’air, les sols, les eaux de baignade et l’eau potable, en plus d’épuiser les ressources du territoire – parfois d’ailleurs aux frais des abonnés, comme pour l’eau potable : Ils auraient pu découvrir dans les contributions citoyennes qu’un porc d’Avel Vor paie son eau potable trois fois moins cher que leur électeur moyen …

Nos élus penseraient-ils donc qu’ils ont été choisis pour porter les intérêts de l’industrie agro-alimentaire plutôt que ceux de leurs concitoyens ?

Sur le fond, on peut ensuite s’interroger sur les motivations de cet avis positif. Les seules raisons pour le justifier (formulées par l’opposition d’ailleurs… car la majorité n’en a pas trouvé une seule) étaient comme d’habitude le mantra « emploi et l’économie », qui, comme un joker, évite d’avoir à réfléchir : ce serait pourtant bien utile, s’agissant d’une activité structurellement en crise, qui tue petit à petit tout l’emploi agricole, et d’un projet qui ne crée aucun emploi sur le territoire et encore moins sur la commune de Porspoder !

Les seuls conseillers qui se sont donné la peine de lire le dossier ont voté contre, en précisant bien d’ailleurs le cadre et la portée de leur vote : mettre fin à ce système destructeur afin de permettre le développement de vrais projets d’agriculture durable, et laisser à nos enfants un monde un peu moins pollué.

A Porspoder, majorité et opposition se retrouvent donc pour regarder le passé et tourner le dos à l’avenir, continuer à encourager un modèle dépassé qui détruit l’environnement et bloque toute évolution vertueuse, et ceci même pour un projet qui ne présente que des inconvénients et des risques pour les citoyens que ces élus prétendent représenter.

Que peuvent d’ailleurs faire ces citoyens, puisque ce sont les mêmes élus qui ont permis à ce système incontrôlable de se développer ?

Il est décidément temps qu’une jeune génération un peu plus consciente des enjeux à venir remplace cette vieille garde qui n’a toujours pas vu que le monde changeait.

Comme l’a déclaré le rapporteur public lors de l’audience du jugement rennais de 2019 :

« la question n’est pas de savoir si l’extension de l’élevage Avel Vor impactera l’eau du secteur de Landunvez puisque cet élevage l’impacte déjà avant extension »

Rappels, pour nos chers élus qui n’ont manifestement pas pris le temps de se renseigner :

Quelques dates :

Extension autorisée en 2008 : 6 668 animaux équivalents

Extension autorisée en 2013 : 8 965 animaux équivalents

Extension autorisée en 2016 : 12 090 animaux équivalents. Trop c’est trop !

Avis défavorable du commissaire enquêteur et de la DDTMautorisation du Préfet !

Annulation et condamnation du Préfet par le tribunal administratif de Rennes en 2019.

Appel de l’éleveur en 2019

Régularisation provisoire du Préfet « en attendant régularisation » 1 mois seulement après le jugement…

Annulation confirmée et condamnation du Préfet et de la société Avel Vor par la cour d’appel de Nantes en novembre 2021.

Avril 2022 :

Tentative de passage en force par une procédure de régularisation (qui de toute évidence est illégale).

Enquête publique + consultation des communes voisines.

Et puisqu’ Avel Vor vient de racheter 3 nouvelles porcheries à la découpe, pourquoi pas le projet de territoire suivant pour les années à venir ?

– 2025 : régularisation, 18 000 animaux équivalents

– 2030 : régularisation, 24 000 AE

– 2035 : régularisation,  28 000) AE !!! …

Des chiffres :

Avel Vor, c’est actuellement 22 230 tonnes de lisier par an soit 60 tonnes de lisier par jour !

En termes d’introduction dans l’environnement de bactéries E.Coli : 1 porc = 30 équivalents habitants. (IFREMER)

Avel Vor, rien que par ses épandages de lisier bruts, c’est l’équivalent d’une ville de 35 000 personnes, dépourvue du moindre système d’assainissement, qui se soulagerait sur les bassins versants des plages.

Lien vers le diaporama projeté lors de la réunion publique du 1er avril 2022 à Landunvez.

La rédaction