Eaux de baignade en Iroise, il est grand temps d’agir, cela fait plus de 15 ans qu’on patine !

publié le 25/04/2023

Notre association alerte depuis maintenant pas mal d’années sur la qualité des eaux de baignade de nos plages comme le montre cette archive :

Déjà, en 2008, APPCL alertait sur la piètre qualité des eaux de baignade et sur la modification prochaine des critères de qualité des eaux et donc sur le fort risque de voir les plages estuariennes du pays d’Iroise déclassées.

En effet, la directive 2006/7/CE devait entrer en vigueur en France en 2014.

Malgré les manœuvres très douteuses de l’ARS Bretagne pour améliorer artificiellement les classements, qui ont donné lieu à une plainte d’Eau et Rivières de Bretagne à la commission européenne et à un contentieux au tribunal administratif (affaires en cours), certaines plages n’ont pas pu être sauvées…

Ainsi, les plages de Tréompan à Ploudalmézeau, du Château à landunvez et celle de Mazou à Porspoder ont été fermées de façon permanente par arrêté municipal pour éviter 5 classements successifs « insuffisants » (respectivement en 2018, 2019 et 2017 )

D’autres plages ont vu leurs point de contrôle ARS migrer vers le large… comme à Penfoul…

Enfin, certaines sont aujourd’hui au bord du précipice comme Illien à Ploumoguer qui compte déjà 4 classements successifs en « insuffisant ».

APPCL souhaitait déjà en 2008 que « des mesures énergiques soient prises pour corriger ces résultats ».

L’ARS Bretagne a semble-t-il été la seule à entendre cet appel… mais au lieu d’imposer la mise en place de mesures efficaces pour améliorer la qualité des eaux de baignade, elle a inventé un arsenal de méthodes douteuses pour améliorer artificiellement les classements !

Cela a commencé en 2016 pour brusquement ralentir en 2022, parallèlement à l’action en justice des associations.

L’ARS n’est chargée que de la surveillance de la qualité des eaux de baignade des plages mais ce sont les maires qui doivent en assurer de la gestion. Ce sont eux qui sont censés remonter les bassins versants pour supprimer les sources des pollutions bactériennes.

APPCL en appelait en 2008 à des mesures énergiques, elle n’a vu, depuis, que de l’énergie dépensée pour faire du vent…

Voici donc plus de 15 ans que nous en appelons à des mesures fortes pour limiter les flux de bactéries qui polluent nos plages, 15 ans que nous désignons le coupable évident, celui qui saute aux yeux mais qu’aucun responsable ne veut voir.

15 ans qu’ils nous affirment que ce sont les assainissements individuels qui polluent, mais qu’ils sont apparemment incapables d’y faire quoi que ce soit !

Par contre, en 15 ans, la porcherie locale de Landunvez est devenue l’un des plus gros élevages industriels de France. Elle a été obtenu 3 autorisations préfectorales d’extension pour passer successivement de 6668 animaux équivalents en 2008 à 8965 AE en 2013 à 12090 AE en 2016.

La pression du lisier n’a fait que croître entre 2008 et 2016 sur la surface agricole de la commune. Précisons qu’Avel Vor n’est pas le seul élevage à épandre sur les bassins versants de plages de Landunvez, les effets de tous ces épandages se cumulent et crée un flux bactérien colossal qui n’attend qu’une pluie pour rejoindre les cours d’eau puis la mer… via les plages.

Notre association a bien essayé de faire entendre raison à nos responsables lors des fameux COPILs de la CCPI dans lesquels elle siège depuis plusieurs années. Mais même quand elle s’impose à tous en osant bousculer une assemblée monolithique qui refuse de voir le nez au milieu de la figure, elle n’obtient jamais rien en retour.

Dès 2018, nous avions distribué à tous les membres du copil un document sur lequel nous avions compilé les informations de base qui désignent les épandages comme la seule source de bactéries fécales capable de générer un tel flux de bactéries sur les bassins versants. ( 1 porc = 30 équivalents habitant en termes d’introduction d’E.Coli dans l’environnement, 1500 habitants, 12000porcs… etc.)

Nous avons réalisé une étude à partir des données du sage du bas Léon que nous avons présentée en 2021… toute accablante était-elle, nous n’avons obtenu que du dédain.

Nous avons présenté en 2022 nos travaux sur la pertinence très discutable de l’utilisation des marqueurs animaux à la sauce CCPI… travaux basés sur la rencontre des spécialistes internationaux du sujet et la lecture de dizaines d’études de chercheurs…

Nous n’avons obtenu que de l’obstruction et l’impossibilité de nous exprimer.

Rien n’y fait, les COPIls de la CCPI s’enchaînent et deviennent de plus en plus une machine à faire perdre leur temps aux acteurs convoqués… On nous promène, on nous présente des travaux déjà réalisés ou déjà actés. On nous demande d’approuver des plans d’actions déjà votés…

Devant tant d’inertie et de manque d’écoute, nous avions placé tous nos espoirs dans l’initiative du sous-Préfet de Brest qui a décidé de prendre de taureau par les cornes pour reconquérir une qualité de l’eau baignade convenable en Iroise, trop de fermetures, trop de pollutions, il faut agir !

Quelle ne fût pas notre déception, voire notre courroux le 3 avril dernier !

Les associations environnementales du secteur étaient conviées au premier COPIL eaux de baignade du territoire de la CCPI, instance nouvelle, copilotée par le sous-Préfet lui-même, censée tout changer.

On devait renverser la table et tout remettre à plat, nous avons assisté au show habituel d’une CCPI qui a une nouvelle fois occupé le terrain (physiquement et verbalement).

Les associations sont sorties de ce barnum si furax qu’elles se sont réunies dans la foulée pour rédiger un communiqué de presse repris dans la presse locale :

Article du Télégramme.

Article du Ouest-France.

Communiqué de presse des associations.

Le 27 avril prochain doit se réunir le premier groupe de travail concernant les plages de Landunvez.

Nous y serons, puisqu’on nous a promis que le fiasco du 3 avril ne se reproduirait plus.

Mais c’est bien la dernière fois qu’on nous roule ainsi dans la farine.

Nous voulons qu’enfin une étude sérieuse, réalisée par un bureau d’étude indépendant, soit menée sur les bassins versants des plages.

Nous ne voulons plus entendre parler de la « double flaconnerie » que veut nous imposer la CCPI.

Cette méthode est stupide et scientifiquement malhonnête puisqu’elle écarte d’office toute chance ou presque de détecter des sources agricoles…

Voir la capsule vidéo sur le sujet

Nous voulons être partie prenante dans le choix du prestataire, dans l’élaboration des protocoles de recherche et nous ne voulons pas nous retrouver, comme le 3 avril dernier, devant un plan d’action prémâché et réchauffé, élaboré en amont par je ne sais qui, avant même que les acteurs invités au Copil n’aient échangé le moindre mot.

Nous disposons de plusieurs exemples d’études qui démontrent que quand on veut connaître la source principale d’une pollution, on le peut.

Ce n’est certainement pas en réalisant 3 analyses de marqueurs, dans l’eau de mer, à distance et bien longtemps après l’époque des épandages, qu’on a la moindre chance de détecter un quelconque marqueur en lien avec les épandages. Tout ce qu’on risque de détecter, ce sont des traces d’ADN d’animaux qui fréquentent les lieux, oiseaux, humains et pourquoi pas des phoques si on recherchait leurs marqueurs.

Voici par exemple 2 diapositives extraites d’une étude menée en 2013 sur les bassins versant des abers Wrac’h et Benoît.

Si on savait faire en 2013, on saura faire en 2023 !