15 mai 2021 – Episode 1 – Transformer un faux problème en une solution grotesque

ou l’art de dépenser 2 millions d’euros en dégradant la situation sanitaire et écologique

L’épisode 1 de notre saga printanière est consacrée à la genèse de ce dossier et aux manœuvres douteuses de la CCPI qui ont permis de tromper les services du Préfet. 

La genèse de cette affaire de rejet d’eaux traitée à Lanildut n’est pas claire. Si cela n’est pas primordial pour la suite de notre saga, il est tout de même savoureux de citer le compte rendu de conseil communautaire du 14 décembre 2016 :

« Au 1er janvier 2014, la Communauté a repris la compétence syndicale. Le dossier a été évoqué à plusieurs reprises. L’agence de l’eau ne voulant pas intervenir financièrement sur ce dossier eu égard au caractère non polluant de l’installation à ses yeux, le dossier n’a guère évolué.

Un faitnouveau a été que la police de l’eau a considéré qu’il y avait un impact négatif sur le milieu, s’appuyant en cela sur des analyses assurées par le laboratoire agréé Labocéa. Un rapport administratif a été établi le 9 septembre 2016. »

Ainsi, avant 2016, le rejet de la station de traitement de Saint Dénec ne posait aucun souci selon l’agence de l’eau. Que s’est-il donc passé en 2016 pour qu’une situation perfectible devienne subitement insoutenable ?

La Step de Saint-Dénec serait-elle subitement devenue terriblement polluante ?

Il est acquis que cette Station de traitement des eaux usées a été construite dans une zone dont même les agriculteurs ne veulent pas (rocailleux, humide…).

Dès sa mise en service, en 2000, cette station n’était pas aux normes puisque le système d’évacuation des eaux usées traitées n’était que provisoire.

Mais à y regarder de près, le provisoire avait au moins le mérite de proposer une esquisse de solution.

Actuellement, les eaux traitées sont acheminées dans une lagune puis sont aspergées sur une parcelle d’1,4ha où les eaux sont sensées s’infiltrer.

Ensuite, puisqu’1,4ha de terres rocailleuse et en pente sont bien insuffisantes, les eaux finissent indirectement par atteindre le ruisseau de Melon.

Ce ruisseau chemine lentement à travers la campagne de Porspoder, sur près de 2km, sous la lampe UV géante qu’est le soleil.

Enfin, le ruisseau finit sa course dans l’océan, sur la plage de Melon, plage ouverte sur la mer d’Iroise.

Notre association est d’accord sur le fait que la solution actuelle est très perfectible.

Toutefois, il est maintenant acquis que l’état déplorable de la plage de Melon n’est qu’une contrevérité montée de toutes pièces.

Elle a servi à repeindre en vert un projet entièrement destiné à accroitre les projets urbanistiques des maires du secteur.

Les classements de l’ARS montrent que cette plage n’est pas plus polluée que les autres plages estuaires du secteur…

(Le Préfet a fini par l’admettre dans un courrier qu’il nous a adressé.)

La CCPI a recherché (ou a fait semblant de rechercher) des solutions alternatives pour remédier à ce problème purement administratif.

L’Union Européenne a voté, en juillet 2020 un texte qui va interdire d’ici 2023 tout rejet d’eaux traitées en mer ou en rivières, si une solution de réutilisation des eaux usées traitées s’avère possible.

Le bon sens aurait voulu que la CCPI prospecte dans l’optique de trouver des terres capables de recevoir ces eaux et aurait dû, dès 2018, opter pour une solution de réutilisation (aspersion, irrigation, filière saules pour pellets, roseaux…)

Des recherches ont bien été menées, mais étrangement, la malchance a été terrible !

Toutes les terres étudiées se sont avérées impropres pour accueillir le rejet… Elles se sont révélées, par la suite, parfaites pour accueillir les épandages divers des éleveurs du secteur…

(voir le film « la parcelle 54« )

Toutes ? Non !

En effet, un document est apparu lors de la procédure en référé d’avril 2021.

Il s’agit d’un dossier d’étude d’impact datant de 2013. On y découvre une étude d’hydrogéologue concernant une zone parfaitement apte à accueillir un rejet par aspersion.

Le plus cocasse… ou le plus révélateur dans cette découverte, est que ce dossier n’est jamais parvenu entre les mains de la DDTM ni du Préfet, ni des associations bien sûr.

Les citoyens ne sont plus dupes.

Quand le bureau d’une communauté de communes est composé :

  • d’un Vice-Président chargé de l’eau et de l’assainissement, éleveur de porc,
  • d’un Vice-Président chargé de la biodiversité et des milieux aquatique, éleveur bovin,
  • d’un Vice-Président en charge des aménagements et de l’habitat, salarié d’une des plus grosses coopérative porcine (dirigée par le patron de la méga porcherie industrielle de Landunvez)
  • D’un Président, dirigeant d’une entreprise de travaux publics, (la liste est loin d’être complète…)  

On comprend mieux, d’une part, qu’il leur ait été inconcevable de gaspiller la moindre parcelle pouvant servir à épandre le lisier et à produire le maïs pour le bétail et, d’autre part, qu’il leur est apparu bien plus intéressant de creuser la campagne sur 4km afin de rejeter les eaux usées traitées dans la zone la plus protégée du Finistère !

Ce dossier d’étude d’impact de 2013 (du SIALLP), dans lequel il est clairement écrit ceci,

a été purement et simplement enterré avec ses conclusions de bon sens et ses études d’hydrogéologie.

En 2018, la CCPI a choisi d’échafauder un très gros mensonge afin d’échapper à la procédure d’autorisation. (enquête publique + étude environnementale indépendante)

Comment transformer la zone la plus sensible et la plus protégée du secteur en vulgaire site sans le moindre intérêt ?

En demandant à son bureau d’étude préféré (DCI Environnement) de rédiger un dossier de déclaration entièrement mensonger. 

L’anse Saint Gildas ne serait pas une zone Natura 2000, ni zone ZNIEFF, ni une zone portuaire d’ailleurs, ni une zone conchylicole, pas plus en capacité d’impacter le parc marin d’Iroise et encore moins les plages de la commune (ignorées)… les habitants de Lanildut ayant été tout simplement ignorés par un tour de passe passe…

Abracadabra… le Préfet n’y a vu que du feu !

Afin d’appréhender sincèrement la nature du site choisi par la CCPi pour rejeter les eaux traitées, nous vous proposons de visionner notre petit film. (cliquer sur le lien)

Tout menteur finit par se prendre les pieds dans le tapis… 

C’est pourquoi la CCPI se cramponne, de toutes ses forces, à son argument selon lequel le rejet ne se ferait pas dans l’aber-Ildut mais 90 m en amont dans une buse qui se jette… dans l’aber Ildut.

Si la juge des référés (avril 2021) n’a pas compris que quand on introduit un liquide dans une buse, elle finit nécessairement par en sortir… cela risque fort d’être bien différent devant le juge administratif. En effet, ce dernier va enfin s’intéresser au fond du dossier.

Alors, amis de Lanildut, gardez espoir, rien n’est fini dans cette affaire. Les déclarations des Maires du secteur et celles de la CCPI s’apparentent à de la méthode Coué…  La vérité finira par apparaître au grand jour.

La suite au prochaine épisode de notre SAGA printanière… « Un chantier mené en dépit du bon sens… »