L’aber Ildut, enfin reconnue zone conchylicole !

mis en ligne le 25 août 2023

Pays d’Iroise communauté a eu l’idée saugrenue, en 2018, de détourner le rejet des eaux usées traitées de la station de traitement de Saint Dénec (Porspoder ) au beau milieu de l’aber Ildut, dans l’anse saint Gildas.

Cette décision ahurissante a tout de suite fait réagir notre association APPCL.

L’Aber Ildut est en effet la zone la plus protégée du secteur.

Comment peut-on imaginer y rejeter ces eaux qui seraient indésirables à Porspoder ? (actuellement, elles sont rejetées via une zone d’infiltration dans le ruisseau de Melon.)

En effet, l’aber Ildut est une zone ZNIEFF de type I,

une zone Natura 2000 directive oiseaux et directive habitats,

il s’agit d’une zone portuaire (le SDAGE loire Betagne interdit d’y rejeter des eaux usées traitées : article 10B3) et pour couronner le tout, nous savons, comme tout le monde dans le pays, qu’à la sortie de l’aber, il y a la plage du Crapaud et ses baigneurs et que de l’autre côté, le CRC (comité régional de la conchyliculture) exploite le pole conchylicole de Porscave afin notamment de réintroduire l’huître plate en Bretagne.

Toutes ces activités et ces protections auraient dû contraindre Pays d’Iroise Communauté à choisir une autre solution pour son projet de rejet (APPCL milite pour une solution de Réut : Réutilisation des eaux usées traités).

Mais c’est bien mal connaître les pratiques de notre COM COM !

Pourquoi s’ennuyer à chercher des solutions alternatives quand il suffit de produire des dossiers insincères ?

Tenez-vous bien, l’aber Ildut ne serait, dans le dossier de la CCPI, ni une zone Znieff, ni une zone Natura 2000, ni une zone de baignade et encore moins une zone conchylicole…

C’est à peine s’il existe des habitants à Lanildut !

Une procédure a été ouverte auprès du tribunal administratif de Rennes par un particulier riverain, appuyé par les associations APPCL, AEPI et Eau et Rivières de Bretagne.

Cette procédure touche à sa fin.

Un combat acharné depuis 2018

Petit à petit, nous avons gagné des batailles.

Nous avons contraint la CCPI à reconnaître que son rejet se ferait bien dans la zone Natura 2000, ce qui implique la réalisation d’une étude approfondie.

Nous avons réussi à faire admettre que le rejet se ferait dans l’anse Saint Gildas, via une digue ancienne (1850) qui risque fort de ne pas trop apprécier les coups de boutoir des deux grosses pompes nécessaires pour que l’eau puisse être rejetée (et oui, le parking Saint Gildas est situé sous le niveau de la mer au moment où le rejet est possible… Il aurait fallu y penser avant de dépenser plusieurs millions d’euros de canalisations et de défoncer la campagne et ses zones humides !)

Nous avons obtenu que le préfet de région dise stop et impose une enquête environnementale le 10 juin 2022.

Par contre, nous n’avons pas encore obtenu que la plage du Crapaud soit reconnue comme un site de baignade surveillé par l’ARS. Le Président de la CCPI ayant décidé de mettre fin aux démarches entreprises par le maire suite à nos demandes insistantes.

Nous ne perdons toutefois pas confiance, le bon sens finira par s’imposer. Les manœuvres pathétiques comme la modification récente du règlement de police du port de l’aber Ildut pour y interdire la baignade ne trompent plus grand monde.

Mais quid de la zone conchylicole ?

Nous avons contacté le CRC dès le début de cette triste affaire pour les informer. Nous nous sommes rendus à Morlaix à deux reprises, nous avons entretenu des échanges réguliers. Nous leur avons présenté le dossier et nous sommes ensemble arrivés à la conclusion que l’Aber Ildut devait être officiellement reconnue comme une zone conchylicole.

Rappelons que l’eau du pôle de Porscave y est pompée. (voir l’article du Ouest-France de mai 2023)

Ils ont entamé des démarches en nous demandant de ne bas ébruiter la chose tant que la reconnaissance n’était pas officielle. (sait-on jamais, certains auraient pu mettre des bâtons dans les roues…)

Nous avons enfin le plaisir d’annoncer que l’Aber Ildut est bien classé en zone conchylicole depuis cet été !

Il est dorénavant réglementairement considéré comme zone conchylicole, avec une prise en compte administrative associée lors des diverses procédures.

L’arrêté de classement a été signé par le préfet le 20 juin dernier.

Encore un clou dans le cercueil du projet de rejet des eaux traitées dans l’aber, mais également une reconnaissance supplémentaire du caractère sensible de ce lieu unique qu’il convient de préserver à tout prix.